A Fort-de-France, Ségolène Royal dénonce le "colonialisme"
FORT-DE-FRANCE
La candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal et Aimé Césaire, le 26 janvier 2007 à Fort-de-France en MartiniqueLa candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal a prononcé une violente charge contre le "colonialisme" vendredi à Fort-de-France, ajoutant au passage une pique contre la droite et ses rapports avec les Renseignements généraux.
Sous la halle qui abrite le marché, à proximité des étals et devant quelque 400 personnes, Mme Royal a rappelé qu'en 1978, à sa sortie de l'Ena, elle avait fait un stage à la préfecture de Fort-de-France, où elle avait demandé à rencontrer Aimé Césaire.
"Cette visite me fut interdite. Ce fut un choc pour moi", a-t-elle raconté, en affirmant qu'Aimé Césaire, ce "lutteur qui tenait tête au pouvoir conservateur", était "infréquentable" pour "l'Etat français et la droite de l'époque". "Mais a-t-elle vraiment changé, car cette demande de rendez-vous a du être inscrite sur ma fiche des Renseignements généraux", a-t-elle ironisé, faisant allusion à la violente polémique qui l'oppose à son rival UMP Nicolas Sarkozy autour de l'enquête des RG sur un membre de son équipe de campagne.
"J'ai mieux compris ce jour là, et je ne l'oublierai pas, ce qu'était le pouvoir néo-colonial", a-t-elle dit, en saluant "Aimé Césaire et tous les militants qui ont continué à parler malgré les baillons".
"Il a fallu attendre François Mitterrand et 1981 pour que la liberté d'expression de ces militants soit rétablie sur les ondes. J'ai continué à nourrir ma révolte de ces mots incandescents", a-t-elle ajouté. Le discours sur le colonialisme d'Aimé Césaire "devrait être appris dans toutes les écoles de France", a-t-elle dit.
Mme Royal s'en est également pris à "l'exécrable loi votée par la droite sur les soi-disant bienfaits de la colonisation".
"Cette lecture révisionniste de l'histoire était inacceptable. Le colonialisme, c'est un système de domination, de spoliation, et d'humiliation", a-t-elle dit.